L'économie en questions
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Mar 9 Jan 2024 - 10:55
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Posez toutes vos questions dans ce forum ! Empty Partage de la valeur ajoutée

Mar 9 Jan 2024 - 11:02
Justine, enseignante : Est-ce qu'un partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés peut contribuer à la dualisation du marché du travail ? 

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Posez toutes vos questions dans ce forum ! Empty Salaires et inflation

Mar 9 Jan 2024 - 11:05
Alexis, étudiant : Si les gains de productivité baissent, est-ce que les salaires devraient baisser ? Est-ce que l'inflation ne compense pas déjà cette augmentation du coût du travail ?

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Posez toutes vos questions dans ce forum ! Empty Productivité et télétravail

Mar 9 Jan 2024 - 11:06
Agnès, enseignante : Qu'est-ce qui explique la baisse des gains de productivité depuis le Covid ? Est-ce que le travail à distance montre ses limites ?

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Bensasson Bruno
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Posez toutes vos questions dans ce forum ! Empty Dualisme du marché du travail et répartition de la valeur ajoutée

Ven 19 Jan 2024 - 19:36
Admin a écrit:Justine, enseignante : Est-ce qu'un partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés peut contribuer à la dualisation du marché du travail ? 

Question difficile à laquelle une réponse précise requerrait plus de données que celles dont je dispose. A priori le fait que la valeur ajoutée brute et a fortiori la valeur ajoutée nette revienne en majorité aux salariés (pour les deux tiers – le reste revenant à l’Etat et au capital pour la part la plus petite) est plutôt une bonne nouvelle pour les gens qui sont sur le marché du travail. En particulier si cette répartition de la valeur ajoutée favorable au travail résulte de fonctions productives très intenses en travail (plutôt qu’en capital), on peut supposer que tous les actifs en bénéficient et qu’il y ait moins de chômeurs, que les travailleurs précaires soient moins précaires. En effet à distribution de qualifications données, une plus grande intensité de la production en travail devrait permettre d’inclure plus d’actifs dans l’emploi avant que la productivité marginale du travail n’atteigne le salaire minimum légal et risque d’induire du chômage.

Dans le prolongement de ce raisonnement, il ressort que le dualisme du marché du travail ne serait pas tant lié à la répartition de la valeur ajoutée entre travail et capital mais au rapport entre les différentes formes de travail, plus ou moins qualifié. On verra en effet au chapitre 25 que les inégalités (qui sont plus basses en France que dans la plupart des pays du monde, a fortiori après transferts et services publics) résultent en majorité des inégalités de revenus du travail ; et que ces inégalités des revenus du travail résultent de l’écart entre la distribution des qualifications demandées et la distribution des qualifications offertes. Si le système d’éducation et de formation professionnelle permettait de rapprocher voire d’égaliser ces deux distributions alors il y aurai égalité de salaires entre toutes les qualifications demandées, on ne parlerait sans doute plus de travail qualifié et de travail moins qualifié, et il n’y aurait sans doute pas de dualisme du marché du travail, entre travailleurs et chômeurs. Il pourrait rester des emplois plus ou moins précaires selon les exigences de la production, la forme des fonctions de production, sans que les gens n’en pâtissent nécessairement. Si certains secteurs ont des besoins plus précaires (saisonniers de la montagne, chantiers industriels à durée déterminée), il n’y a pas de fatalité à ce que cela soit au détriment des travailleurs.

Ce qui reste vrai, c’est que certaines dispositions d’organisation du marché du travail peuvent ajouter au dualisme du marché du travail à l’avantage des « inclus » du marché primaire (salariés en CDI) et au détriment de ceux qui en sont « exclus », renvoyés vers le marché « secondaire » (salariés en contrats précaires, chômeurs). Ainsi des dispositions (monopole syndical, salaire minimal fixé au-dessus de la productivité du travail de plein emploi) qui offrent une plus grande sécurité ou une meilleure rémunération à ceux qui pourront être inclus, même si elles partent d’une généreuse intention, risquent de limiter le nombre d’inclus pouvant en bénéficier et de créer des exclus. Ces inclus seront d’autant mieux rémunérés qu’ils sont plus rares, mais cela se fera au détriment de personnes qui auraient pu faire partie de cette catégorie mais ne pourront pas car cette catégorie a été conçue de telle sorte qu’elle s’avère trop étroite pour accueillir tout le monde. En effet, à production totale donnée, si certains reçoivent plus, d’autres recevront moins.

Est-ce qu’avoir moins d’inclus mieux payés augmente ou réduit la part de la valeur ajoutée qui revient à ces salariés inclus ? La situation est ambiguë et seule l’expérience et les données permettront de le dire. Cela renvoie sans doute à la question de l’élasticité de substitution entre facteurs de production, qu’on évoque notamment au chapitre 8 du livre. Si cette élasticité de substitution est égale à l’unité alors le nombre d’inclus ne modifie par la part de valeur ajoutée qu’ils reçoivent : c’est toujours la même part qui est partagée entre plus ou moins de personnes. Si l’élasticité de substitution est en revanche inférieure à 1, s’il est difficile de remplacer le travail par du capital, alors en effet on peut imaginer que la part revenant aux inclus augmente à mesure qu’ils sont moins nombreux. Le dualisme augmenterait donc cette part, la causalité allant des modes d’organisation du travail vers la répartition de la valeur ajoutée plutôt que dans l’autre sens. Néanmoins si la fonction de production générale de l’économie s’approche d’une fonction de Cobb & Douglas alors l’élasticité doit être voisine de 1, sans doute un peu inférieure dans la réalité, et cet effet doit être limité.
Bensasson Bruno
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Ven 19 Jan 2024 - 19:43
Admin a écrit:Alexis, étudiant : Si les gains de productivité baissent, est-ce que les salaires devraient baisser ? Est-ce que l'inflation ne compense pas déjà cette augmentation du coût du travail ?

Si le marché du travail fonctionne normalement, le salaire de chacun doit refléter en effet la contribution du travail à la production et plus exactement à la valeur ajoutée – la valeur ajoutée étant la différence entre les prix des biens produits et le coût des biens intermédiaires consommés dans le processus de production. Pour être précis notons que le prix à considérer ici est le prix hors taxes, l’Etat prélevant une partie de la valeur des biens produits par le travail via ce qu’on appelle les impôts sur les produits (TVA, etc.). Notons que l’Etat prélève une autre partie de la valeur ajoutée au travers de ce qu’on appelle les impôts sur la production (CVAE, C3S, etc.) payés par les entreprises. Notons enfin que l’Etat prélève pour la sécurité sociale des cotisations dites patronales et sociales, si bien que le salaire à considérer ici est le salaire « super-brut » toutes charges comprises, qu’on peut trouver sur sa fiche de paie. Ce qui sera versé effectivement au salarié est inférieur, c’est le salaire « net », net des cotisations patronales et salariales, et même « super-net », net de l’impôt sur le revenu du travail désormais prélevé « à la source ». Tous ces prélèvements ne seront pas perdus. D’une façon ou d’une autre ils seront « rendus » par l’Etat sous forme de prestations sociales (retraites, santé, chômage…) ou de services publics fournis gratuitement (défense, éducation, routes…).

Quand on mesure les salaires, on peut les rapporter soit à la monnaie et on appelle cela les salaires nominaux, ce qui est le plus commun, soit au prix d’un panier de consommation et on appelle cela les salaires réels, ce qui est moins commun mais plus utile. En effet, comme la question le suggère ce qui compte pour les gens ce n’est pas tant de savoir si le salaire nominal est élevé mais ce qu’ils vont pouvoir acheter avec ce salaire. Un salaire nominal qui monte de 5% cela n’a pas le même effet social selon que le prix des biens de consommation monte de 2% ou de 10%. Si le marché du travail fonctionne normalement, les salaires réels augmentent comme la productivité du travail : si une heure de travail additionnelle de Robinson permet de produire, déduction faite des consommations intermédiaires, l’équivalent de 5 kilos de pommes, son salaire horaire réel pourrait bien valoir 5 kilos de pommes, les entreprises en concurrence ayant de bonnes raisons de lui proposer cela, ni plus, ni moins. Et si le kilo de pommes vaut 3 euros, cela ferait un salaire horaire nominal toutes charges comprises de 15€.

Ainsi les salaires nominaux évoluent principalement sous deux effets : un effet « volume » reflet de la productivité réelle du travail et un effet « prix » reflet de l’évolution du prix nominal du bien produit, lequel effet prix a moins d’importance économique et sociale. Notons tout de même qu’il peut y avoir une différence entre l’inflation des prix à la production et l’inflation des prix à la consommation, car tous les prix à la production n’évoluent pas de la même façon et on importe aussi des biens pour la consommation finale et la consommation intermédiaire nécessaire à la production. Si les termes de l’échange (cf. chapitre 12 du livre) sont stables, tous ces indices de prix évoluent de la même manière mais si les termes de l’échange montent ou baissent, cela peut avoir un impact important sur la production et le pouvoir d’achat, pour le meilleur ou pour le pire, comme on le voit lors des chocs pétro-gaziers.

Pour finir de répondre à la question on peut dire que quand la productivité du travail augmente les salaires réels horaires et donc le pouvoir d’achat d’une heure de travail augmentent. C’est ce qu’on observe sur le temps long. En comparaison d’il y a 100 ou 200 ans, on peut en une heure de temps produire bien plus, quantitativement et qualitativement, et c’est comme cela qu’on peut consommer bien plus ou mieux que nos aïeux alors même qu’on travaille beaucoup moins. Lorsque les gains de productivité ralentissent, cela n’induit pas une baisse des salaires réels mais un ralentissement de leur hausse : au lieu d’augmenter de 3% par an comme pendant la période de rattrapage des « 30 glorieuses » ils ne vont plus augmenter que de 1% par exemple. Mais les salaires réels sont, en niveau, bien plus haut que pendant les 30 glorieuses.

En revanche s’il y a une baisse de la productivité réelle du travail pour toutes sortes de raison qu’on développe au chapitre 17 alors les salaires réels pourront baisser. C’est notamment le cas lorsqu’un choc pétro-gazier détériore les termes de l’échange et dégrade ainsi la productivité du travail dans les processus de production qui consomme du pétrole ou du gaz.
Bensasson Bruno
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Ven 19 Jan 2024 - 19:51
Admin a écrit:Agnès, enseignante : Qu'est-ce qui explique la baisse des gains de productivité depuis le Covid ? Est-ce que le travail à distance montre ses limites ?

Les principaux facteurs d'augmentation de la productivité du travail sont évoqués au chapitre 16 du livre.

Plusieurs causes peuvent expliquer la baisse observée depuis l’épidémie. Notons d’abord que ce n’est pas une baisse des gains de productivité mais une baisse de la productivité, ce qui est pire. En effet le problème n’est pas que la croissance de la productivité serait passée de 3% par an à 1% par an mais qu’on observe une décroissance de la productivité, qui diffère selon les secteurs et les années mais dépasse les 1% par an. Pour être précis, signalons qu’on trouve des statistiques sur la productivité « par tête » le plus souvent et sur la productivité « par heure » parfois, ce qui ne revient pas au même quand les heures par tête évolue. Au cœur de l’épidémie, quand une bonne partie des activités économiques étaient contrariées voire impossibles, il va de soi que la productivité du travail ne pouvait que chuter. Ce qui est plus préoccupant c’est qu’elle n'ait pas rejoint et repris une trajectoire de croissance.

A la baisse observée en France ces dernières années, il y a plusieurs explications possibles et cumulatives, qui sont plus ou moins ennuyeuses. Si on commence par les causes qui sont non pas ennuyeuses mais réjouissantes, il faut d’abord citer la baisse du chômage : en effet la baisse du chômage ramène dans l’emploi de nouveaux actifs, qui s’avèrent moins productifs que la moyenne des actifs – car les actifs les plus qualifiés ou les plus productifs sont rarement touchés par un chômage (largement classique). A cet égard il faut faire attention à ce que les salaires réels et le SMIC n’évoluent pas bien plus vite que la productivité, ce qui tendrait à faire repartir le chômage à la hausse. Dans la même catégorie d’explications, on doit citer le développement de l’apprentissage car d’une part les apprentis, indépendamment de leur engagement, ont toute chance d’être moins productifs que des personnes plus expérimentées donc que la moyenne des travailleurs, d’autre part les apprentis consacrent une partie de leur temps à « l’école », ce qui réduit les heures par tête de « travail » (la production de connaissance étant intégrée dans les statistiques de production et le PIB à raison du travail des enseignants mais pas du travail des élèves). D’où une baisse « positive » de la productivité par tête.

Parmi les causes négatives, on peut assurément citer la dégradation des termes de l’échange et notamment la hausse du prix des matières premières importées (énergie, etc.). En effet quand un processus productif mobilise non seulement du travail et du capital mais aussi des biens intermédiaires, la dégradation des termes de l’échange va amener à une baisse de la « productivité apparente » du travail. Le prix des biens intermédiaires augmentant, les entreprises vont produire moins de biens ou vont dégager moins de valeur ajoutée à verser au travail à raison de la hausse du prix des intrants. C’est ce qu’on a observé dans les chocs pétro-gaziers des années 1970 ou en 2022. Avec la baisse des prix relatifs du gaz naturel et un retour progressif à la normal des termes de l’échange, cet effet devrait s’estomper et même s’inverser.

La hausse de l'absentéisme, qui est malheureusement observée pour des raisons sociologiques qui dépassent mon champ de compétences, qui est dommageable à la production, peut aussi expliquer une part de la baisse de la productivité "par tête" si ce n'est de la productivité "par heure" que l'absentéisme réduit le nombre d'heures de travail par tête.

Enfin sur le temps long on doit encore évoquer deux phénomènes : le niveau d’éducation et la lutte contre le dérèglement climatique. Le progrès de l’éducation a été l’un des principaux moteurs du progrès de la productivité du travail depuis 200 ans, parce que l’enseignement est devenu obligatoire jusqu’à 16 ans et parce qu’il s’est amélioré sur longue période. On ne peut pas s’étonner que ce progrès de l’éducation freine : une fois que 100% des enfants sont scolarisés on ne peut plus continuer à augmenter le taux de scolarisation. En revanche, si ce niveau général d’éducation devrait non seulement stagner mais reculer, ce que les études PISA suggèrent pour la France mais aussi pour la plupart des pays de l’OCDE, alors on aurait une raison sérieuse de s’inquiéter pour l’avenir, pour la productivité du travail mais pas seulement.

Enfin, on évoque la lutte contre le dérèglement climatique comme un facteur de baisse de la productivité du travail. Ce n’est sans doute pas encore le cas mais à moyen terme, c’est possible. Je veux être clair : cette lutte est à la fois nécessaire et possible (et j’y consacre d’ailleurs le cœur de mon activité professionnelle). Mais ces effets économiques ne sont pas neutres : cette lutte est d’abord justifiée par l’intérêt des générations les plus jeunes et des générations futures, intérêt sanitaire, environnemental, économique, sans parler des enjeux pour les autres espèces vivantes. Mais réduire l’usage des énergies fossiles telles que nous les connaissons (sans capture et stockage du carbone) pour progressivement y renoncer ne peut pas être sans effet, quantitatif ou qualitatif, sur la production donc la productivité du travail. On le sent du reste à chaque fois que l’offre de pétrole ou de gaz se tend. On reviendra au chapitre 23 sur les externalités et les conditions requises pour remporter cette lutte à un coût économique acceptable et accepté mais on doit déjà reconnaître qu’elle n’est pas neutre pour la production en général et la productivité du travail en particulier.
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